Il y a quelques semaines, en plein coeur de Paris, tout proche du Centre Pompidou que nous apprécions tant, nous avons été invités par la marque Saint-Gobain pour l’opération Mission To Earth : Quiet Place.
Avant toutes choses, Saint-Gobain conçoit, produit et distribue des matériaux innovants à destination de l’habitat mais pas que : bâtiments, transports, infrastructures, ainsi que dans de nombreuses applications industrielles.
Le temps de quelques jours à Paris, le groupe proposait aux passants une immersion dans une « tinyhouse de verre » atypique. La vocation de ce dispositif consistait à couper ceux qui le testait de la vie urbaine pour mieux appréhender les enjeux de la pollution sonore du quotidien, ses risques sur la santé et les solutions imaginées afin d’y remédier.
Cris d’enfants, travaux, klaxons, sonneries de téléphone et trottinettes, les attaques sonores incessantes nous plongent dans un brouhaha pouvant à la longue avoir des effets très négatifs. Pour le groupe, il est encore temps d’agir. D’après la marque et l’OMS : « La pollution sonore est un ennemi invisible dont l’impact a doublé tous les 10 ans depuis la révolution industrielle. Il s’agit d’un problème grandissant surtout quand nous savons que nous serons près de 10 milliards d’habitants à l’horizon 2050. Plus d’1 milliard de personnes risqueront une perte auditive prématurée à cause de la pollution sonore« .
Si comme moi vous avez tendance à retirer les piles de l’horloge à aiguilles lorsque vous arrivez dans une pièce car vous êtes extrêmement sensibles aux bruits extérieurs, au bureau ou à la maison. Cette expérience signée Saint-Gobain s’adresse à vous.
Nous faisons attention à notre confort, aux matériaux, au toucher, à leurs origines, à la qualité des produits, à celle de l’isolation, mais nous laissons de côté l’aspect sonore. Il est temps de se poser les bonnes questions…
Pour une immersion totale, lors de mon arrivée, une prise de pouls a été réalisée d’abord à l’extérieur puis à l’intérieur de la maison afin de me permettre de visualiser l’impact de la pollution sonore sur mon organisme.
Une fois, dans la maison, on se retrouve dans une « bulle protectrice » mettant en valeur les caractéristiques acoustiques des équipements du groupe. Et pour souligner cette barrière de protection transparente, chaque paroi était équipée de capteurs et LEDs retranscrivant les impacts sonores et leurs volumes en DB, telles des balles.
Un questionnement intéressant allant bien plus loin que cette simple démonstration, mettant sur la table le problème croissant de ces nuisances et de leurs effets sur nous, nos familles et enfants : notre capacité à nous concentrer, l’impact sur notre caractère, sur notre sommeil et sur notre santé…
Entre communication et prise de conscience, c’et bien le rôle des grands groupes et pour aller plus loin nous partons à la rencontre Pascal Ozouf (Expert en acoustique pour le Groupe Saint-Gobain ) et Anaïs Boutin (Directrice de la marque)
Travaillez-vous avec des designers intégrés ou non ? Si oui, sous quelle forme ?
Pascal Ozouf :
« En tant qu’acousticien Saint-Gobain spécialiste chez Placo-Isover, nous travaillons surtout avec des architectes « traditionnels » sur les secteurs des logements (collectifs et individuels), des hôpitaux, des écoles, des crèches, des hôtels, des cinémas ou autres, mais nous sommes également très intéressés par des collaborations avec les architectes d’intérieur et les designers car nous cherchons depuis de nombreuses années à traiter les intérieurs et la correction acoustique pour éviter que de nombreuses erreurs soient commises.
Mon travail d’acousticien consiste, entre autre, à aller voir les bureaux d’études acoustique. Quant aux architectes, ils me sollicitent soit directement soit par l’intermédiaire des entreprises plaquistes lorsqu’on leur recommande l’aide d’un acousticien. Avec ces partenaires, Saint-Gobain travaille par exemple sur la qualité sonore des restaurants.
Les architectes « traditionnels » ou designers qui vont travailler sur un nouveau restaurant par exemple ne sont sont pas assez sensibilisés à l’acoustique, ce qui explique les petites erreurs dont nous parlions plus en amont. C’est donc un public qu’il faut que nous rencontrions. »
Anaïs Boutin, Directrice de la marque Saint-Gobain complète l’échange :
« Il y a une démarche active en ce sens. Nous étoffons nos équipes que ce soit en R&D, ou en Marketing par exemple avec des profils un peu moins « classiques » tels que des ergonomes, des designers ainsi que des sociologues afin d’optimiser au maximum nos réflexions autour des matériaux Saint-Gobain et leur impact sur le bien-être.
Quels sont les enjeux de Saint-Gobain concernant l’acoustique de demain ?
Pascal Ozouf :
« Cela fait partie des « 5 conforts» développés par Saint-Gobain que l’on met en avant. On investit dans les personnes, les experts, comme mentionné précédemment. Ce n’est pas un simple discours, nous faisons de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée pour l’acoustique.
Anaïs Boutin :
« Chez Saint-Gobain, nous concevons des solutions, nous les produisons, nous les distribuons : nous sommes donc présents sur toute la chaîne de valeur ce qui nous offre une position de choix et une certaine responsabilité sur le bien-être des usagers. Nous sommes dans une perspective d’avenir car la population mondiale atteindra à l’horizon de 2050 près de 10 milliards de
personnes. Les problématiques liées à l’acoustique vont donc être décuplées dans cet avenir relativement proche. La pollution sonore est d’ores-et-déjà un enjeu et le sera d’autant plus demain, d’où le travail de Saint-Gobain sur des réponses tendant à réduire voire à supprimer les émissions et les effets de la pollution sonore tout en anticipant le futur et les répercussions
qu’aura l’augmentation de la population mondiale sur nos vies. Nous le faisons grâce à de nouveaux matériaux, de nouvelles solutions et à une réflexion approfondie sur ce que seront l’habitat, le transport et la santé demain.
Pascal Ozouf :
« Nous travaillons sur des solutions pour lutter contre l’impact du bruit aujourd’hui, mais nous travaillons aussi sur les solutions de demain. Grâce à nos collègues sociologues, ergonomie ou designers nous affinons affinons notre vision de la pollution sonore. Nous travaillons également avec des start up qui nous aident à essayer de « prédire » l’acoustique d’un lieu de vie. Cette prédictibilité est souvent le premier critère d’achat d’un bien immobilier de la part des particuliers avant même parfois la sécurité.
Avez-vous des exemples d’innovations et de nouvelles solutions développées par Saint-Gobain ?
Pascal Ozouf :
« Récemment, Adfors a travaillé et amélioré ses sous-couches acoustiques minces pour le carrelage car, en France, nous avons des contraintes fortes sur l’épaisseur contrairement à d’autres pays : des produits performants, pas trop couteux et peu épais.
C’est en cela que Saint- Gobain travaille sur des solutions dites « minces ». Prenons l’exemple d’une chape flottante traditionnelle à base de laine de verre, laine de roche ou un polystyrène élastifié de 15mm, 20mm ou 30mm. Si on la place sous une chape béton qui fait 5 à 6 cm d’épaisseur, nous aurons une épaisseur globale de 7 à 9 cm, ajoutés à une dalle de 20cm d’épaisseur cela vous fait un plancher de près de 30 cm.
D’où la réponse apportée par Saint-Gobain, concernant le carrelage, qui utilise ce que l’on appelle des sous-couches d’acoustique de 3mm que l’on pose de manière ergonomique. Avec Placo-Isover, nous avons développé des doublages de 5 cm d’épaisseur que vous pouvez mettre sur les parois verticales ou en plafond, qui offre des encombrements limités et des performances acoustiques élevées (plus de 15 dB selon la paroi support) sur des bâtiments très anciens (de type Haussmannien ou bâtiments datant d’avant la réglementation de 1969).
Et pour répondre aux exigences du terrain (coût/performance/délais), nous avons également simplifié et amélioré nos cloisons CinéStil® dédiées aux salles de cinéma et de spectacles en optimisant le nombre de plaques de plâtre et la quantité de laine de verre pour une performance acoustique accrue.
Grâce aux 4.500 chercheurs répartis dans le monde entier et un travail sur les métamatériaux, les nouvelles technologies de « contrôle actif » (ex : Activ’Touch, Activ’Light, Activ’Air (absorbant les COV), Activ’Tone, ..), nous sommes véritablement dans la chimie des matériaux. Dans la continuité de ce qui a été fait et sous l’impulsion de la Recherche & Développement du Groupe Saint-Gobain, nous avons développé des partenariats avec des laboratoires tels que l’INRS, le CNRS ou encore le CEA qui travaillent sur la chimie, la physique des matériaux pour toujours aller plus loin ! Saint-Gobain est leader sur le secteur de l’aéronautique pour certains matériaux comme le vitrage, la coiffe, le radôme ainsi que les vitrages acoustiques dans le
secteur automobile. Sekurit travaille sur des vitrages acoustiques dans ce domaine avec comme clés de voûte : performance et légèreté !
Et c’est grâce à tout le travail de R&D effectué pour le secteur industriel, que Saint-Gobain développe des solutions pour l’habitat. A titre d’exemple, nous avons développé des profilés acoustiques il y a quelques années : la Duo’Tech a permis d’être plus performant en réduisant de 2cm les cloisons de séparation dans nos logements et le Stadip Silence constitué de deux glaces collées à un film acoustique a été mis au point par Saint-Gobain Recherche à Compiègne.
Il m’est donc permis de travailler avec toutes les équipes de Saint-Gobain dans des secteurs très éloignés du
mien afin d’aboutir à des solutions de pointe. Nous travaillons par ailleurs sur le cœur de la plaque : nous réfléchissons à de nouveaux matériaux associés aux gypses ou à la laine de verre qui pourraient de manière microscopique être insérés dans la matière afin d’améliorer les propriétés acoustiques.
Pouvez-vous nous donner des informations plus techniques concernant les matériaux utilisés lors du stunt ?
Pascal Ozouf :
« La maison était principalement basée sur deux matériaux pour répondre aux deux contraintes acoustiques que sont l’isolation et la correction.
Concernant l’isolation acoustique, nous avons eu recours au Stadip Silence (double vitrage acoustique) ayant des performances acoustiques pouvant aller jusqu’à 45 dB. Le second produit utilisé, développé par Ecophon, appelé « Solo » est constitué de panneau en laine de verre de haute densité, revêtus sur les deux faces d’une peinture de finition avec un grand pouvoir absorbant (coefficient d’absorption w de 1). Ce traitement a été complété par une moquette spéciale avec là aussi un coefficient d’absorption élevé. Les panneaux Solo ont été disposés de manière perpendiculaire aux parois de verre pour augmenter la surface d’absorption.
Quel serait le but ultime de Saint-Gobain en termes d’acoustique à l’horizon 2050 ?
Anaïs Boutin :
« Le travail sur le thème de la pollution sonore est primordiale que ce soit sur le logement individuel et collectif mais aussi sur la ville de demain et l’ensemble des marchés : transports (automobile, aéronautique, ferroviaire), la Santé (hôpitaux, produits de haute performance pour les soins..), les Ecoles, entreprises,… ». C’est un défis que nous sommes prêts à relever.
Merci à Pascal Ozouf et Anaïs Boutin pour leurs disponibilités et explications
Plus d’informations sur le projet : Mission To Earth
Plus d’informations sur la société : Saint Gobain
Annonces