Concours, appel à projets… Les étudiants et designers sont souvent visés, voir utilisés par les marques afin de réfléchir à de véritable problème et imaginer les solutions. Frustration, protection, il est trop souvent difficile de jauger son implication et les retours possibles de telles initiatives. Nous allons essayer d’aller à la rencontre de gagnants, perdants, capter leurs ressentis, le réel plus et si ils recommandent de participer !
Attardons nous ici sur la 4ème édition du Concours Orange Jeunes Designers, à destination directe des écoles sur le thème « Orange vous donne le signal De l’invisible au visible, représenter ou suggérer le réseau« , tour d’horizon des projets proposés, et échange avec les lauréats et participants.
Commençons par les gagnants du Prix Concrétisation, Audrey Cruchade et Thomas Lauby avec leur projet Eclipse, véritable box murale qui vit et respire au rythme des échanges de données. Elle devient un point tangible d’interaction avec le réseau.
Description rapide du projet, plus de détails sur la vidéo ci-dessous : « Le concept du projet Eclipse est de proposer une codification lumineuse du réseau afin de le rendre plus compréhensible et tangible pour l’utilisateur. Il permet ainsi de visualiser la qualité du réseau par ses variations d’éclairage et de rythme. Le réseau devient présent tout en restant immatériel, abstrait. La lumière elle, apporte une présence, sensible et poétique. En matérialisant le réseau, elle lui donne une apparence visuelle«
Mais derrière un concours, un brief, un projet il y a une aventure, souvent déterminante pour de jeunes étudiants en design…
« Concernant le concours, ce fut un réel plaisir d’y prendre part. Audrey et moi somme issu de la même promotion du mastère design global Recherche et Innovation de l’école de Condé à Bordeaux. Nous avons validé notre diplôme à la fin de l’année 2014 et nous souhaitions tous les deux participer à des concours pour se faire la main et d’avoir l’opportunité d’une visibilité accrue en cas de nomination. Après avoir vu le thème du concours Orange de cette année, on s’est dit qu’il pouvait y avoir matière à réaliser un projet intéressant et on s’est lancé !
La bonne surprise a été de prendre part à deux workshops de deux jours au technocentre d’Orange à Châtillon. Là-bas nous avons fait des rencontres très intéressantes. L’encadrement était sympathique et les échanges avec les designers d’Orange ont permis de mettre le projet sur de bons rails. Se déplacer au technocentre a aussi permis de rencontrer les autres candidats. C’est la première année que le concours est ouvert aux jeunes diplômés et se retrouver durant ces workshops entouré de personnes issus de la même génération de designer que nous, a permis de créer des liens à la fois d’amitiés et professionnels.
Concernant le projet, ce qui nous intéressait été la possibilité de traiter le réseau sous un angle totalement différent de ce que nous connaissions. Cette thématique (du réseau) était assez vaste et complexe à appréhender; son immatérialité et sa compréhension difficile par le grand public nous a amené à le questionner sous une forme plus tangible et visuelle. Rapidement nous avons choisi de nous intéresser plus particulièrement au réseau domestique. Depuis quelques années, le réseau se complexifie dans le foyer familial. La multiplicité des périphériques (ordinateurs, tablettes, smartphones, objets connectés, etc.) offre au réseau domestique une place encore plus importante au sein du foyer. D’autant plus qu’il prendra bientôt un rôle primordial dans l’organisation de la maison (domotique). Dans cette optique, il nous a paru intéressant de repenser le réseau domestique, non plus comme un simple vecteur de nos données numériques mais comme un acteur pertinent du foyer.
Le projet Eclipse est une box murale qui prend en compte la technologie du LIFI*. Le concept est de proposer une codification lumineuse du réseau afin de le rendre plus compréhensible et tangible pour l’utilisateur. Il permet ainsi de visualiser la qualité du réseau par ses variations d’éclairage et de rythme. Le réseau devient présent tout en restant immatériel, abstrait. La lumière elle, apporte une présence, sensible et poétique. Eclipse est un point tangible d’interaction avec le réseau présent au cœur de l’espace de vie.
*Le LIFI est une nouvelle technologie qui permet la transmission de données par des lumières LED. Dans le domicile familial, il offre un réseau sécurisé, une bande passante illimitée et évite la pollution électromagnétique du WIFI.
Concernant la suite, le prix « concrétisation » nous a permis de recevoir 7000 euros qui vont nous permettre de développer de futurs projets.
Pour Eclipse, Orange à l’exclusivité quant à un possible développement pour un certain temps. Donc on espère réellement que le projet les aura assez séduit pour qu’on envisage ensemble de continuer l’aventure !«
Une belle aventure et un premier prix à mettre à leur actif, avec une somme en lot intéressante pour se lancer, à suivre !
Plus d’informations sur les designers : Audrey Cruchade et Thomas Lauby
Parlons ensuite de Tim Defleur et de son projet ON’OFF, non lauréat, aura-t-il un autre regard sur ce concours ?
Son projet, simple et efficace : » On’Off est un interrupteur physique du réseau sans fil. Il est dessiné tel une cloche qui emprisonne la box et donc la diffusion de wifi pour un instant. Recréer une interaction avec l’objet physique (la box) permet de rendre le wifi plus concret, plus réel via un rituel quotidien au moment du coucher. L’utilisateur devient ainsi acteur du réseau.
La gestuelle reprend celle de l’étouffoir à bougie et fait donc appel à la mémoire collective pour faciliter la compréhension. En termes de communication visuelle, la forme de On’Off s’apparente au symbole « ON / OFF » bien connu de tous, le but étant de faire appel à l’inconscient pour une fois de plus faciliter la compréhension.«
Et sur son aventure ?
« Pour participer au concours Orange, chaque potentiel candidat devait dans un premier temps envoyer une note d’intention de son concept.
Une première sélection a été faite pour ne garder qu’une vingtaine de candidats (pour la catégorie jeune diplômés). Tous étaient invités à participer à 2 workshops au Technocentre d’Orange répartis sur 4 jours.
Chaque candidat était alors suivi par 4 designers internes d’Orange. L’occasion de présenter, échanger et apporter certaines modifications sur nos concepts. L’intérêt est double, ces rencontres nous ont permis d’avoir une vision concrète sur les projets, de les encrer dans la réalité et dans le marché actuel – d’un autre côté, les designers d’horizons diverses ont apporté aux designers internes un nouveau souffle, sans contraintes, un regard presque « innocent » sur le sujet.
Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié ces workshops. L’occasion d’avoir un retour direct par des professionnels sur un sujet qui m’était à l’époque inconnu. L’occasion également de rencontrer les autres designers candidats avec qui nous avons partagé de bons moments. Dès le premier atelier, j’avais déjà bien développé mon concept, j’avais l’histoire. Ne restait plus alors qu’à peaufiner certains détails avec l’équipe d’Orange.
L’équipe d’Orange s’est montré disponible ainsi que le président d’honneur Samuel Accoceberry qui s’est rendu sur place pour répondre à nos questions, quelqu’un de très chaleureux et convivial.
Merci à eux ! Le seul point négatif serait le fait de ne pas avoir pu voir et échanger sur tous les projets confondus, c’est peut-être par peur de la copie dans un cadre de « compétition »… mais ce qui fait que je n’ai toujours pas vu les projets de mes confrères. La curiosité est soit disant un vilain défaut mais c’est à mon sens ce qui fait notre métier !«
Plus d’informations sur le designer : Tim Defleur (Retrouver ses articles sur BED)
Une belle initiative de la marque, où l’étudiant est au cœur du dialogue, mettant ses infrastructures et designers intégrés à disposition, à suivre pour les prochaines éditions… de plus près ?
Plus d’informations sur le concours : Orange Jeunes Designers
Nous verrons prochainement, le travail du lauréat 2014 des Audi Talents Awards et développement de ses projets…
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CLIN D’OEIL A FERREOL BABIN… L’imagination du designer d’objets et la lecture des objets par le regardeur part toujours du connu… pour faire jaillir un inconnu… facilement reconnaissable. Il faut juste rajouter un r a wok…. pour faire un workshop…http://ecx.images-amazon.com/images/I/71ce0qKmo0L._SL1500_.jpg
LA FORCE GRAPHIQUE INTEMPORELLE DE IEC 5009 FACE AUX COULEURS SOURDES DANS L’AIR DU TEMPS. Je pense que le passage du concept à une materialité du feutre gris marié au manche en bois naturel (que l’on retrouve dans l’ameublement actuellement ) et à une esthétique de couleurs sourdes va à l’encontre de la bonne lisibilité de l’image, de l’icone, du signe IEC 5009, du stand by mode qui est plus graphique. En faisant un contraste matière couleur entre le demi dome gris et le manche en bois quid du cercle coupé par un trait de même couleur qui est presqu’un smiley qui contraste sur un mur ? http://www.symbols.com/gi.php?type=1&id=2085
Pour ceux qui veulent en voir plus, voici les vidéos du concours : http://oran.ge/1Iwls2SC'est très intéressant de voir les problématiques communes ainsi que les (parfois énormes) différences entre les interprétations et résultats, notamment entre les différentes écoles.Merci @ProfZ pour ces commentaires. « La perception du design d’un objet est formelle avant d’être gestuelle…. » je suis bien d’accord! les consommateurs jugent très vite, voilà pourquoi la forme de la cloche représente le logo de mise en veille des appareils électroniques. Si vous y voyez une poêle à frire, tant mieux, c’est que vous avez tout de suite compris que la ligne du logo est en fait une poignée 😉 ! Pour la com’ , je tâcherais dorénavant de sourire un peu plus.Une fois de plus merci @BlogEspritDesign pour le soutien !Et enfin, Bravo @AudreyCruchade et @ThomasLauby pour leur projet !http://oran.ge/1Iwls2S
Apres avoir examiné le portfolio et la com presse papier et internet de Tim Defleur , je trouve qu’il manque de VIE BIOLOGIQUE, de visage avenant, souriant (ami ou ennemi c’est depuis la nuit des temps) , de corps en liaison avec une idée, un concept devenu un corps d’objet, une gestuelle communicative par les neurones miroirs …. C’est dommage car il est brillant , a un nom facile a retenir…. Remplacer donc le crocodile du T shirt par une fleur sans singer le chanteur Antoine
GESTUELLE ET FORME EN MEMOIRE? »La gestuelle reprend celle de l’étouffoir à bougie et fait donc appel à la mémoire collective pour faciliter la compréhension » Tim DefleurLa perception du design d’un objet est formelle avant d’être gestuelle…. sauf si on le voit utilisé. Eteignoir à bougie est un « petit ustensile conique et creux dont on se sert pour éteindre les bougies, les cierges, les chandelles, en le posant sur la mèche enflammée » (definition du CNRTL)….A ne pas confondre avec l’etouffoir à ….chrétien… C’est une metaphore involontaire que je vais filer….Il faut avoir en memoire de début du siècle precedent ou avoir été enfant de choeur. Quant à l’analogie formelle , elle est plus proche d’une poelle à frire ou du wok que d’un éteignoir à bougie qui comme si dessous est en forme de cloche. Un eteignoir à bougie en forme de cloche, rien ne cloche. Amen!http://indianapublicmedia.org/amomentofscience/files/2010/06/candle_snuffer.jpg
Je serais curieux de voir le nombre de participants par école Comme presque toujours il y une ou plusieurs Ensci dans le jury. Si Tim Defleur est dans une esthétique et une materialité feutrée très ECAL ienne, le projet d’ Audrey Cruchade et de Thomas Lauby, eclipse l’eclairage lunaire de Ferréol Babin formé à Esad Reims pour Fontana Arte par une hightech LI FI Ensci enne dans l’ombre de Mathieu Lehanneur.
BRAVO LES CONDE BORDELAIS…. LA CLOCHE A WIFI…C’est tout cloche. L »idée de Tim Defleur permet de reduire? ( d’éteindre par analogie ?) le signal mais avec une cloche on pourrait augmenter le signal en la plaçant differemment….Quand à la demande de Tim de vouloir echanger avec tous les designers sur tous les projets, elle pourrait être faite au niveau des écoles via le net. Il ne faut pas compter sur les marques (crowdsourcing,). Si orange concours « jeunes designers » rapporte 12000 citations à Orange sur la toile , elle n’apportent que 33 citations à Tim Defleur. Cette asymetrie en comunication est une autre façon de voir les choses dans la société de la citation et de l’attention superficielle dans laquelle nous baignons. Il y a là un changement de paradigme qui atteint même les scientifiques , les chercheurs.