Partons à la rencontre du studio Tesler Mendelovitch nous révélant les dessous de sa création ainsi que ceux de son textile de bois.
– Orli, peux-tu nous présenter Tesler Mendelovitch Studio, les activités et l’approche abordée ?
Tesler Mendelovitch est né d’une collaboration avec mon actuel partenaire. Nous sommes tous deux designers textiles qui recherchent et développent des matériaux pour l’industrie, l’art et la mode.
Nous essayons de comprendre les capacités et les limites des propriétés de matériaux ou de tissus en changeant leur caractère de base pour en créer un tout nouvel objet.
Durabilité : C’est notre principal but, en pratiquant des techniques de travail qui ne nécessitent pas de machines ou de production de masse. Chaque pièce qui sort de notre studio aurait pu être fabriquée il y a 100 ans. Tout est fait main à la commande. Le processus est beaucoup plus personnel. Cela permet également le maintien d’une petite ligne de production, la répartition du temps entre la R & D et le développement de projets en design de textile (très important pour nous). De plus, cette méthode produit très peu de déchets. Nous utilisons chaque pièce de placage pour produire nos pochettes; tout est mesuré et calculé avec précision. Les chutes sont stockées et utilisées pour effectuer des test sur d’autres projets. Nous ne jetons rien de ce qui est utilisé.
Nous ne répondons pas aux tendances ou à la mode éphémère. Nos collections existantes ne seront pas remplacées par les nouvelles : elles seront plutôt complémentaires. Nous espérons que nos conceptions continueront d’être pertinentes, avec l’esthétique mathématiques sans faire matcher le ton du bois avec la gamme colorielle tendance de la saison.
– Peux-tu nous en dire plus sur la façon dont vous êtes entrés dans l’univers du design ?
Orli Tesler (moi-même) + Itamar Mendelovitch (mon partenaire de studio et dans la vie 🙂 Nous avons vécu à Tel Aviv pendant sept ans. Nous nous sommes rencontrés lorsque nous étions étudiants au Bachelor Textile de l’Université de Shenkar 5tel Aviv).
Bien que nous ayons grandi dans différentes villes, nous partageons une vision similaire du design. Itamar a été levée dans un kibboutz au nord de l’Israël, pendant que j’étais à Sydney, puis en Israël. Nos familles, laïques et encourageant fortement la pensée indépendante, nous ont tous deux donné beaucoup de liberté.
Itamar et moi nous sommes rencontrés en 2007 au cours de notre Bachelor en Technologie et Design de Textiles. Nous avons très vite accroché malgré nos grandes différences. Itamar est très méthodique et précise alors que je suis plutôt impulsif, laissant le processus de design prendre soin de lui-même. Ces qualités sont opposées, mais fusionnées elles forment un très bon compromis.
Le travail du bois et la menuiserie sont très vastes. Je cherchais à commencer des études en design industriel lorsque je débutais mon Bachelor en Design de Mode. Itamar a eu la chance d’avoir un mentor enseignant à l’Université de Shenkar qui considérait les textiles comme une nouvelle approche du design. J’avais déjà étudié cette vision au département Mode et passais à la l’Université de Textile tous les jours, en regardant dans leurs ateliers et ressentant qu’il me manquait quelque chose d’important. En cours d’année, j’ai donc décidé d’être transféré dans ce département et n’ai plus jamais regardé en arrière.
Nous avons rapidement créé notre studio après avoir été diplômés, ayant déjà prévu les projets que nous voulions développer, précédemment vus au cours de nos 4 années d’études.
– D’où l’idée d’utiliser le bois comme textile vient elle ?
Depuis le début de notre collaboration, le bois a été la base de notre travail. Il a naturellement quelque chose de beau. Pourtant, dans le passé, il était utilisé de manière très spécifique. Nous voulions vraiment essayer de lui donner un nouveau contexte en repoussant les règles et ses limites. L’effet qu’a le bois sur une personne et dans son entourage est toujours très positif. Nous concernant, c’est l’odeur du bois, son grain et son histoire qui permettent à chaque pièce d’être unique.
Chaque projet commence par une surface plane d’un matériau. Nous testons alors ses limites en le déconstruisant et le reconstruisant pour mieux le comprendre. Nous étudions ensuite les points faibles et les renforçons pour que nous puissions donner à cette surface plane une forme tridimensionnelle (qu’elle ne pouvait pas avoir avant). La beauté de l’apparition d’un textile se résume au fait qu’il peut être tant de choses : c’est pour cela que nous ne sommes pas spécifiquement designers de meubles ou de mode. Pour chaque projet, c’est le matériau qui nous fait savoir ce qu’il veut devenir, nous avons juste à l’écouter.
– En ce qui concerne le processus de fabrication, peux-tu nous en dire plus, étape par étape?
Nous avons commencé notre aventure par le design d’objets à partir de notre textile bois, en commençant par des socles commandés par un artiste sculpteur israélien. Nous avons ensuite adapté ces socles pour en créer notre propre gamme de mobilier appelée Diamond Woods et composée de légères tables et tabourets de café.
La pochette a été une évolution naturelle émanant de notre première ligne de mobilier. Inspirés par le minimalisme et la précision des lignes épurées, nous aimons l’idée de travailler avec des textures opposées, créer des matières fluides grâce à des matériaux rigides, et inversement. Mais surtout, c’est le matériau lui-même qui nous inspire : nous considérons que la matière informe le produit et non l’inverse.
Au cours de notre processus de développement, nous avons testé de nombreuses méthodes qui ont échoué, fait plus de 300 modèles de pochettes et finalement avons commencé à apercevoir les proportions et les sensations que nous cherchions. Cependant, après plus de 2 ans, nous continuons toujours à peaufiner le design. Au cours des étapes finales de développement des pochettes, nous avons été surpris de trouver que le bois faisait une surface convenable pour la création de lignes géométriques nécessaires. Nous avons également constaté que le bois regroupait la souplesse nécessaire à la conception globale, découvert le placement des lignes de coupe et déterminé la fluidité ainsi que la douceur de la forme finale.
– Quelles sont les principaux obstacles que vous ayez rencontrés sur ce projet et comment les avez vous résolus?
Lorsque vous faites quelque chose qui n’a pas été conçu avant, cela peut s’avérer assez difficile car vous n’avez aucune référence pour vous guider. La phase expérimentale a été longue : il y a eu d’innombrables expériences et essais, des échecs et des résultats désordonnés. Nous avons tout de même continué à poursuivre ce projet parce que nous y croyons. Pus longtemps vous serez capables de travailler sur quelque chose, meilleur en sera le résultat. Ceci est notre philosophie, parallèlement à la R & D. Une bonne idée est un bon début, mais les essais et les erreurs font d’une bonne idée, une grande idée.
Pour nous, ce qui rend un design meilleur est une bonne idée de base, pour sûr, mais aussi les essais et les erreurs. Malheureusement, il n’y a pas de raccourcis, plus vous travaillez sur quelque chose, meilleur en sera le résultat.
– Quelles sont les collaborations faites grâce à ce textile?
Pour notre textile de bois, nous sommes toujours à la recherche du bon type de collaboration. Jusqu’à présent, nous avons produit le podium / socles pour un artiste local qui était super, mais nous sommes désormais intéressés par du mobilier ainsi que par la chaussure. Au final, les collaborations peuvent être diverses, mais chaque projet de ce type peut nous aider à apprendre d’avantage sur le textile et sur ce qu’il est possible d’en faire.
– Parallèlement au textile, quelle est aujourd’hui la principale activité du studio?
Actuellement, nous développons un produit pouvant filtrer les très petites particules de poussière en espérant le lancer courant fin d’année.
– Comment Tesler Mendelovitch voit-il l’avenir?
Nous espérons continuer notre R & D ainsi que la production utilisant le bois et d’autres matériaux, parallèlement au développement de notre répertoire de techniques textile. La R & D constituant la base de notre travail, nous aimerions mettre en place un «think tank» ou «cuisine» comme nous préférons l’appeler : un studio de développement de prototypes pour soutenir notre propre travail et celui des autres entreprises.
Un grand merci à Orli Tesler et Itamar Mendelovitch pour leur disponibilité, leur accessibilité et leur sympathie. Une approche du travail et du design qui promet de belles créations.
Plus d’informations sur le studio : Tesler Mendelovitch
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LA STRATEGIE DE L’ACCESSOIRE DE…. Le point commun entre Elisa Strozyk orli tesler + itamar mendelovitch est, en dehors d’un nom difficile à ecrire et à memoriser (Pbbranding), en dehors de la formation, en dehors du materiau+ process qui sont sinon identiques du moins cousins, c’est de partir de l’accessoire d’ameublement pour la designer allemande ,de l’accessoire de mode pour le duo israélien. Quid du determinisme? On doit donc que les deux finissent par mettre un pied dans le meuble… car le bois mène toujours au meuble depuis des lustres historiques. et même pre historiques. Et le bois mène à l’arbre des primates si on enleve les mathematiques, les decoupes laser le numerique, et internet… Mais le vrai changement de paradigme, c’est peut être d’être designer Etsy et designer de galerie, designer de sac à main et de tabouret table stèle….
Extrêmement fan! Bravo pour l’initiative
DESIGN ARTISANAL MONDIAL VS DESIGN INDUSTRIEL MONDIAL… Nous sommes passé dans le monde des idées qui volent à la vitesse d’internet Il y bien longtemps un consultant israélien qui a crée un award en Israël etqui me lisait sur la toile me demanda comment développer le design en Israël alors que nous n’avons que peu de ressources de matières premières. Ma reponse: Dutch Design DAE Eindhoven mais c’est peut être donner trop de place au Dutch design. Elisa Strozyk est une designeuse allemande formée à Future Textile Design at Central Saint Martins Londres , à Textile and Surface Design at KHB Berlin et à …. ENSAD Paris Ne pourrions nous pas le faire avec du Foldtex , un materiau industriel allemand http://3.bp.blogspot.com/-ECilW4xhlrk/TwIc9w4nEfI/AAAAAAAAAMI/Jh6NiLW5cTQ/s1600/foldtex2.jpg
Tout cela est bien joli mais quid d’ Elisa Strozyk aussi bien sur le plan de la généalogie des idées et des techniques ?