Florian Dach et Dimitri Zephir, designers français d’objets diplômés de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris, présentent La figure de l’Autre, projet de fin d’études regroupant 4 objets et ayant eu la mention « félicitations du jury ».
« Notre approche consiste à utiliser l’Histoire comme une matière première de conception pour générer le projet« .
Dans le vaste champs de la création industrielle à l’origine de notre métier, nous nous définissons comme « chercheurs-auteurs » en design. Cette définition nous permet ainsi d’embrasser une dimension de recherche et de création dans les différents projets que nous développons. L’objet, issu d’un ensemble plus vaste, est pensé en tant que médium, chose, quelque soit l’échelle de sa diffusion.
Convaincus de la dimension symbolique, de transmission et de valorisation que portent les objets, nous avons construit notre démarche de création sur une volonté claire : questionner « ce qui fait histoire et identité ».
Ainsi, l’Histoire et l’héritage culturel sont abordés comme une matière première riche, capable de produire un langage de formes, de matières et d’usages, à l’origine d’artefacts.
Les spécificités historiques et culturelles des territoires que nous explorons sont celles que nous proposons de révéler et de transmettre par la création d’objets.
Ils deviennent alors des outils de médiation et de compréhension du monde, illustrant un message fort à l’origine de notre duo : contribuer à une histoire plurielle du monde, tissée d’histoires et dont la beauté et la richesse sont infinies.
Description du projet La figure de l’Autre
La figure de l’Autre est un projet de recherche et de création qui questionne l’influence des cultures immigrées dans la création de l’identité française. Il constitue notre projet de diplôme soutenu en Juin 2016 à l’Ecole des Arts Déco, et qui a reçu la mention « félicitation du jury ».
Cette réflexion de projet émerge à la suite des vagues migratoires de l’année 2015 et des débats politiques qui ont tenté de les considérer/réduire à des présences étrangères capables de conduire à la perte de l’identité culturelle française.
Une immersion au sein des archives du Musée national de l’histoire de l’immigration de la Porte Dorée et la rencontre de divers personnalités issues des histoires des immigrations de l’Histoire de la France, nous ont permis de dresser un décor au projet, affirmant la richesse de ces dites présences sur l’identité de la France dès les années 1830.
Le projet a été donc pensé comme un réponse à ces débats.
En rejouant les cartes de l’histoire – sous forme d’uchronies, nous avons interrogé et de réinterprété l’histoire de quatre des immigrations principales en France entre 1830 et 1975 : polonaise, espagnole, portugaise et algérienne à travers quatre triptyques composés d’une cartographie, d’une édition écrite et d’un objet :
– La cartographie présente les principales zones d’immigrations en France selon un pays d’origine.
Un cartouche situé en bas à gauche de chaque cartographie précise la période de l’immigration et le nombre d’immigrés présent sur le sol français à ce moment-là. Le trajet brodé en bleu incarne une histoire singulière que nous avons choisi de raconter. Il relie deux points qui représentent la zone d’origine et le territoire d’accueil de notre personnage.
– L’édition écrite présente le contexte historique, politique et social qui pousse les populations à immigrer en France durant ces époques-là. Celui-ci est suivi de l’histoire uchronique que nous avons écrite où un immigré (ou une famille d’immigrés) raconte son histoire personnel et sa rencontre avec la culture française. Ces histoires sont inspirées d’histoires vraies qui nous ont été racontées, et d’éléments d’archives retrouvés dans de nombreux musées.
– L’objet est une synthèse des deux premières pièces du triptyque. C’est un objet que nous appelons « objet de conversation » illustrant une possible rencontre entre deux univers culturels qui, à priori, n’ont pas de lien. C’est un objet du quotidien, dont certains détails plastiques ou fonctionnels viennent perturber la lecture, pour interroger sur sa présence et l’histoire de ceux qui l’ont rendu possible.
Un objet témoin qui donne à lire une autre histoire de l’immigration et une autre définition de la culture française.
Ces quatre triptyques deviennent les symboles d’une nouvelle façon de définir l’identité française, en même temps qu’ils donnent à lire une histoire créative de l’immigration en France, qu’il est possible et nécessaire de (re)construire aujourd’hui.
https://www.youtube.com/watch?v=tkvLlSmWREc
Dans une plus large mesure, La figure de l’Autre est notre définition de l’identité contemporaine.
Une identité faite de couches successives, où cultures d’immigrés et culture française sont « mises en contact et en effervescence, en réagissant les unes aux autres ».
Ensemble, elles produisent une richesse infinie et ouvrent à d’autres imaginaires.
Les matériaux utilisés :
– Bataille Rapa : cartes imprimées, érable sycomore, laiton
– FKLamp : laiton, aluminium anodisé, papier pierre, textile, LED de puissance
– Faya : argent, corail, corde polyester, terre-cuite
– Gargoulette : verre, faïence non-émaillée, corde cuir
Les artisans collaborateurs du projet :
– Cartographie : Broderie – Virginie Renaud
– Bataille Rapa : Tourneur Bois – Clement Demarson
– FKLampe : Tourneur métal – François Enot
– Faya:
Tourneur Metal – Clement Demarson
Bijoutière – Claire Busson
Ciseleur – Louis Biron
– Gargoulette : Verrier – Silycibine
Crédit photos : Louise Desnos et Dach & Zephir
Plus d’informations sur le studio Dach & Zephir
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