Arne Jacobsen (1902-1971) est certainement l’architecte et designer danois le plus connu au monde. A. Jacobsen était avant tout architecte, mais du grand public il est surtout connu pour son mobilier. Auteur notamment des fameux fauteuils L’œuf et le cygne, le siège Fourmi ainsi que la fameuse série 7TM, qui fait partie des sièges les plus vendus au monde au deuxième moitié du 20ème siècle.
Pendant les années 20 Arne Jacobsen fait ses études à l’Académie des Beaux Arts de Copenhague, section architecture. Il y suit notamment les cours à l’Ecole du meuble de Kaare Klint, le père du design danois. L’enseignement de Kaare Klint est connu pour avoir jeté les bases du fameux Danish Modern des années 50. La plupart des futurs designers de ce mouvement, comme Hans J. Wegner et Borge Mogensen sont passés par son enseignement. Les premiers designs de Jacobsen portent clairement l’influence de l’enseignement de Klint : inspiration de la tradition, respect des matériaux et de l’artisanat, utilisation du bois et matériaux naturels. Klint n’était pas un grand fan du modernisme ni du Bauhaus, et son, selon lui, « modernisme clinique ». Mais avec Finn Juhl, A. Jacobsen est l’un de ceux qui vont rompre avec la tradition quelque peu artisanale de Klint, et la collaboration entre architecte et ébéniste, si chère à Klint. A. Jacobsen va être parmi les premiers designers danois à concevoir des meubles industriels à grande échelle.
Jacobsen apprends vite et reçoit déjà un prix lors de sa participation à l’exposition universelle à Paris en 1925.
Dès les années 40, Jacobsen s’intéresse aux formes plus libres, d’inspiration organique. Il s’inspire à la fois de la nature (Jacobsen a toute sa vie étudié la botanique, notamment dans le cadre de ses études en tant que peintre au tout début de sa carrière), les exemples venant des États-Unis (notamment le développement de Cranbrook Academy of Art, par exemple avec les créations de Saarinen & Eames), ainsi que les différents mouvements dans l’art contemporain, à la fois en peinture mais également en sculpture, comme il pouvait le voir chez Calder et Miro par exemple.
Ainsi le design d’Arne Jacobsen peut être partagé en deux périodes : une première de 1925 à 1952, et l’autre entre 1952 et sa mort. Les designs les plus connus aujourd’hui sont ceux de la deuxième période (La Fourmi, Le 7TM, L’œuf, La Cygne).
Jacobsen s’intéressait à la forme libre et la travaillait à l’extrême. Il reprenait et reprenait le même travail et la même forme jusqu’à l’obtention de la forme parfaite. Il en est de même avec son utilisation des matériaux ; les pieds métalliques les plus fin, le cuir sur le fauteuil Oeuf et le Cygne le plus tendu possible, même au-delà de ce qu’on pensait faisable…
Très tôt, il va rentrer en contact avec le milieu des artistes radicaux de gauches autour de la revue « Kritisk Revy » et notamment Poul Henningsen (PH). Artistiquement parlant l’époque des années d’avant-guerre, au Danemark, est dominé par un néoclassicisme quelque peu romantique, style donc Jacobsen lui-même va participer au déclin notamment avec son architecture et les construction de la Maison d’exposition de Forum, la Villa Rothenborg, La ville blanche à Klampeborg, le complexe Bellevue Bain de plage, Bellevue théâtre et restaurant, ensemble d’habitation Bellavista, La maison d’équitation Mattson et les restaurants Texaco.
Danois d’origine juive, il va en 1943, être obligé de fuir en Suède. Pendant son exil il dessine des motifs pour textiles et papiers peints, tout en renforçant le contact avec les designers modernes suédois et finlandais, notamment Alvar Aalto.
Jacobsen va tout au long de sa carrière recevoir de nombreux prix pour ses constructions architecturales, notamment la maison Stelling, les mairies de Aarhus et Sölleröd, les maison de Söholm, St Catherine’s college à Oxford, S.A.S Royal Hotel, etc. Mais c’est dans la cave de sa propre maison à Söholm que vont voir le jour des nombreux projets, notamment le siège Fourmi. Notons que parmi ses collaborateurs de l’époque étaient Henning Larsen et Verner Panton.
Très tôt A.Jacobsen va s’intéresser à la création d’ensembles ou œuvres d’art totale /Gesamtkunstwerks, comme on peut le voir avec Bellevue où il crée le bâti jusqu’au chaises du bar. Au Danemark, on le voit avant tout comme un avant-gardiste locale qui va faire évoluer l’architecture et le design vers un fonctionnalisme plus traditionnel et modéré que le fonctionnalisme international, ce qui va caractérisé le design danois de la période d’après-guerre.
Ainsi, adepte de l’œuvre d’art totale, le design de Jacobsen est généralement en lien avec des projets de construction, même si aujourd’hui ses designs ont acquis leurs propre vies en dehors. Les exemples le plus fameux sont certainement les meubles l’œuf, le cygne et le drop-chair, fais pour l’hôtel S.A.S, ou encore le siège Fourmi conçu pour la cantine des laboratoires médicinaux danois Novo Nordisk.
La première collaboration entre Arne Jacobsen et Fritz Hansen date déjà de 1934, et en 1952 c’est avec la collaboration autour de la création de la Fourmi qu’ils vont rencontrer le grand succès.
L’historique de la création de la Fourmi
Jacobsen voulait faire un siège léger, de fabrication industrielle et à un prix plutôt raisonnable. Il avait, par ailleurs, un besoin urgent d’un siège empilable pour la cantine qu’il était en train de faire chez Novo Nordisk. Il avait vu le siège LMC d’Eames (1946) et demande à Fritz Hansen de lui en commander un. Ainsi Jacobsen va capitaliser sur les années de recherche des américains. Car même si le siège Eames semblait très simple sa naissance avait été longue et difficile. Jacobsen va bénéficier des recherches faites sur les matériaux pendant la guerre et surtout des recherches sorties de la collaboration entre Charles Eames et Eero Saarinen pour le concours Organic Design in Home Furnishing lancé par le Museum of Modern Art à New York en 1941. Jacobsen avait déjà collaboré avec Fritz Hansen, notamment autour du siège fait pour le restaurant de Bellevue, il lui était donc naturel de se tourner à nouveau vers ce fabricant. De son côté, Fritz Hansen, s’était déjà fait une expérience dans l’utilisation du contre-plaqué moulé en 1950 notamment avec la chaise AX de Hvidt & Mölgaard.
En occurrence très simple, il leur fallait faire au moins 10 modèles différents avant d’arriver à la Fourmi, avec sa coque faite de 9 couches de plaqué et 2 couches de tissus de coton collées sous haute pression et chaleur. Par la suite Fritz Hansen, produira un exemplaire en 10 minutes. La Fourmi est fait de très peu d’éléments : une assise et un dossier en un seul tenant en contreplaqué moulé et un piètement en 3 tubes d’acier chromé. Il a été dessiné pour une fabrication industrielle, la plus simple possible. Par exemple, en réduisant le nombre de pièce pour sa construction au minimum. Chaque morceau est construit individuellement et ensuite assemblés. Les 3 pieds sont soudés sur une plaque en acier circulaire, qui est monté sur le dessous de la coque avec 4 visses via une plaque circulaire en contreplaqué. Les pieds de la monture ont chacun un crampons en caoutchouc, comme le dessous de la coque est équipé avec 3 bloques en caoutchouc pour créer une distance entre la coque et le piètement et une certaine souplesse.
Donc seulement 2 éléments primaires : la coque et le piètement, 3 bloques et 3 crampons en caoutchouc ainsi que 4 visses. Comme le nombre d’éléments, l’utilisation de matériaux a également été limitée à l’absolu nécessaire. Rien de superflue. C’est un meuble léger que la plupart des personnes peuvent lever à une main. Tout est arrondie, rien de pointue. De plus, il est empilable.
Initialement ce modèle existait qu’en noir et en bouleau, mais suivra des exemplaires dans différent bois et couleurs. Et déjà avant la mort de Jacobsen en 1971 un modèle avec 4 pieds avait été développé.
En 1955, la Fourmi, est suivie par le 7TM, qui va être décliné en plusieurs modèles par la suite, raison pour laquelle nous parlons aujourd’hui de la série 7TM.
La 7TM est un « dérivé » de la Fourmi. Initialement fabriqué avec des accoudoirs, c’est pourtant le modèle sans ceux-ci qui est le design le plus vendu de Jacobsen, et l’un de sièges le plus vendu au monde au 20ème siècle. Aujourd’hui la série peut être fabriqué dans 10 bois différents : érable, hêtre, frêne, cerisier, pin de l’Oregon, orme, chêne, noyer, chêne teinté foncé ou noir complet, chêne teinté avec de la laque claire, ainsi que deux finitions : frêne coloré ou laque coloré. Faits de pression moulée de placage tranché, il peut être en bois ou entièrement habillé en tapisserie, comme il existe également avec seulement l’assise tapissé, sélectionnée dans une large gamme de tissu ou de cuir.
La base se décline en 4 versions différentes : 4 pieds (empilables en 3 hauteurs), un pivot réglable en hauteur avec roulette, ou un siège de bar haut ou bas. Toutes les bases sont faites de tubes en acier chromé.
A travers les années il y a eu plusieurs célébrations du 7TM et La Fourmi. Pour les 100 ans de Fritz Hansen avait demandé à Verner Panton en 1972 d’imaginer une nouvelle gamme de coloris pour la Fourmi, et l’année dernière cela fut au tour de l’artiste danois Tal’R de proposer une nouvelle gamme de coloris pour fêter les 60 ans de la 7TM. C’est également dans le cadre de ces célébrations que Fritz Hansen présente l’exposition « 7 Cool architects » au Bon Marché jusqu’au 20 mai 2016.
« 7 cool architects » présenté jusqu’au 20 mai 2016 au Bon Marché à Paris.«
En collaboration avec 7 architectes, Fritz Hansen présente un hommage unique au série iconique d’Arne Jacobsen : le siège 7TM. Créé en 1955, ce siège eu 60 ans en 2015 et l’exposition présentée au Bon Marché à Paris jusqu’au 20 mai 2016, fait partie des célébrations. Fritz Hansen ont invité sept architectes dans l’air du temps à faire une interprétation personnel du 7. Bjarke Ingels Group (BIG), Carlos Ott & Carlos Ponce de León, Jean Nouvel Design, Jun Igarashi, Neri & Hu, Snøhetta and Zaha Hadid Design. L’exposition qui fut d’abord montré au Design museum à Gent avant de faire le tour du monde.
Carlos Ott Architects associé à Carlos Ponce de Léon Architects, cabinet de design et d’architecture basé à Uruguay en Amérique du Sud, se sont inspirés de Celebra, bâtiment exceptionnel construit sur le campus Zonamerica. Du projet Series 7TM ils disent : « la Série 7TM est aussi unique dans sa forme que le Celebra, nous avons donc décidés de le fusionner, de façon transparente, avec le restaurant où il sera placé, tentant de le faire intervenir de la même façon que le jardin vertical qui se développe organiquement sur le mur du sous-sol. Les formes utilisées sur le siège reprend les formes des différents endroits du jardin et ont été adaptés au siège ».
Jun Igarashi Architects : le cabinet d’architecture Japonais s’est inspiré des bâtiments qui s’effondrent lors de tremblements de terre et les matériaux de construction qui sont gaspillés. L’idée est de collecter les déchets de bois, d’introduire une couleur et de les transformer en planches qui peuvent être utilisées pour le mobilier. Le résultat est un siège qui est défini à partir du type de déchets de bois qui est utilisé pour le faire et par les mémoires inhérentes du matériau.
Neri&Hu Design & Research Office : Fondée en 2004 par les partenaires Lyndon Neri et Rossana Hu, Neri & Hu design et bureau de recherche est un bureau de conception architecturale interdisciplinaire basée à Shanghai, en Chine, avec un bureau additionnel à Londres, Royaume-Uni.
L’idée et l’inspiration viennent du Waterhouse, un boutique-hôtel situé à Shanghai, face à la rivière Huangpu. Construit dans un immeuble de 3 étages de l’armée japonaise datant de 1930, le concept derrière la rénovation reste le contraste entre l’ancien et le nouveau. Neri&Hu fut également responsable de l’aménagement intérieur. En inversant l’extérieur et l’intérieur ils ont réussi à créer une certaine désorientation, qu’on retrouve également dans les espaces intérieurs, entre les espaces communs et privés, notamment en permettant aux visiteurs d’apercevoir depuis les espaces communes les espaces privés, et vice versa.
Pour la 7 est née l’idée d’une réédition, d’un double, d’une variation, basée sur la dualité entre l’original et le re-design, comme cela est également le cas dans la rénovation de The Waterhouse. Neri&Hu dit : « Notre point de vue sur le projet est d’embrasser l’idée de dualité et de créer un « double » réel. Le doublement de deux sièges du modèle original, faisant face deviennent une nouvelle version : Le siège singulier multiplié comme l’individu devient une communauté ».
Snøhetta : Bureau d’architecture et de design basé en Norvège et à New York Pour Snøhetta le point de départ étant l’église de montagne Rauland. Placée sur une piste de ski sur un point d’équilibre. Le siège et l’église ont des qualités similaires. Nous voyons le siège avec ses pieds fixe, et comme l’église est placé sur une piste de ski, la possibilité de enlever les pieds en un click afin d’emporter l’assise seulement dehors sur les pistes, devenant par là un meuble d’extérieur.
Zaha Hadid Design : Zaha Hadid’s édition spéciale formalise la serie 7™ comme un siège dynamique et sans coutures, expression de structure et support. Formé d’une base sculpturale de deux tiges d’aciers qui balaye le sol et remontent pour embrasser le forme ondulante de l’iconique assise en contreplaqué moulé. Elle a dit : « Le 7™ a une silhouette distinctive et hors du temps, qui a déjà montré sa polyvalence dans les nombreux façons sa bases peut être modifiées. Zaha Hadid Design voulait aborder cette relation en concevant une base qui berce la coque, et d’une manière où la base et la coque sont élégamment inter-reliées et intégrées.
Bjarke Ingels Group (BIG) : Basé à Copenhague et à New York, BIG, est un group d’architectes, designers, constructeurs et penseurs opérant dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme, de la recherche et du développement. BIG s’inspire de la matérialité du siège. L’essence du placage stratifié et la fonctionnalité de l’empilement. Le résultat final est une répétition subtile du langage de forme iconique du siège, selon Bjarke Engels, le fondateur de BIG.
Jean Nouvel Design : Jean Nouvel design est une équipe multidisciplinaire travaillant dans le domaines du design de mobilier, design d’intérieur, scénographie et de la communication visuelle. « Je ne suis pas un designer » dit Jean Nouvel, « Je suis un architecte qui fait du design » (…) «Je ne vois aucune différence entre le moment où je dessine une chaise et quand j’imagine un bâtiment ». La proposition porte la signature de Jean Nouvel design – des couleurs contrastantes et juxtaposées. Le noir et le blanc marquent chaque siège – tout en jouent ensemble dans un mouvement féminin et masculin, avec un renforcement des courbes sur le devant et de l’arrière de la coque.
Exposition au Bon Marché jusqu’au 20 mai 2016: plus d’informations par ici
Sources :
Fiell, Le Design Scandinave, Taschen, 2003
Polster, Bernd, Dictionnaire du design scandinave, Seuil, 2001
Mehlhose, A., Wellner, M., 150 ans de design meubles modernes, Ullmann, 2012
Solaguren-Beascoa, Félix, Arne Jacobsen : Approach to his complete works 1926-1949, Copenhagen, Arkitektens Forlag, 2001
Solaguren-Beascoa, Félix, Arne Jacobsen 2 : Approach to his complete works 1950-1971, Copenhagen, Arkitektens Forlag, 2001
Thau, C. & Vindum, K., Arne Jacobsen, Collection « Danske Designere » sous la direction de Poul Erik Tjöner, Aschehoug, 2002
Plus d’informations sur le designer : Arne Jacobsen
Retrouvez tous nos articles dédiés à l’HISTOIRE DU DESIGN
Gallerie (0)
Laisser un commentaire
Annonces
great news
<a
href= »https://www.bilgimann.com » target= »_blank »>Taxi
zurich airport </a>
greatt
passionnant,Anne-Marie Sargueil
BIG reussit à transformer une chaise de cantine devenu chaise iconique en chaise classieuse pour amateur de design americain de galerie ou d’edition haut de gamme. Mais cette chaise à etages pourrait être edité par exemple par Cerruti Baleri assez orienté sur l’export vers les US….. et même en tranche napolitaine…
Il faut lire le dessin dessein de Nouvel ainsi , avec une vue de surplomb ou vue d’helico chere aux philosophes allemands…. On en revient à la typologie de causeuse mais avec plus de liberté cinétique …Voila donc un design de l’effet (graphique, artistique, symbolique) cher à Stephane Vial ce qui reduit le design à ce qu’il n’est pas seulementhttp://1.design-milk.com/images/2015/09/7-Designs-Series-7-Chairs-8-Jean-Nouvel-600×400.jpg
« Mes sujets de recherches actuels tournent autour de la réception française du design Scandinave, Le mythe du design danois et la relation entre design et marketing. » Arne Jacobsen c’est bien du design industriel ( on differencie souvent en france le design industriel du design de meuble). Du design Organique ? Peut être plus par les noms (La Fourmi L’œuf, La Cygne). que par les formes. Pourquoi la 7TM n’est pas dans la grille sémantique du branding de Jacobsen mais plus Eamesienne que LeCorbusienne ? Est ce bien dans les pas de l’architecture organique ? Un commentaire de notre expert BED en ecosysteme du design français et …. danois ( par concours) Martin Napoleoni s’impose … . Carlos Ott Architects a fait un tableau ou un tapis d’assise anstrait . Neri&Hu Design & Research Office ont decliné la causeuse en y ajoutant une tablette dans l’air du temps. Bjarke Ingels Group (BIG) une chaise porte revues à étage en même temps tres mode. Quand à Jean Nouvel, notre seule gloire architecturale française de la selection danoise, Il se dit amateur de design et designer amateur. Mais concevoir des meubles le met en joie .. S’il est content de son dessin au stylo bille rouge formalisé en noir et blanc plus Yin Yan que gender, qui n’est ni dans son vocabulaire, ni dans sa grammaire …