Durant le dernier Salon Maison et Objet de Janvier 2015, comme à son habitude certaines marques et shop de la capitale propose un Off, me permettant ici du côté de chez Silvera de rencontrer le designer français Patrick Norguet afin de discuter de sa dernière création, le fauteuil Atoll pour la marque italienne Tacchini.
« A 43 ans, Patrick Norguet est une figure essentielle mais discrète de la scène tricolore« , une phrase piochée au hasard de sa biographie, résumant assez bien le personnage, un designer expérimenté, technique, précis, industriel, passionné, spécialiste de l’assise, voilà comment je peux nous le décrire en quelques mots.
Citation marquante : « Durant les années 80 on voulait faire de la publicité, durant les années 2000 on veut être designer et peut-être maintenant être Chef cuisinier » – Patrick Norguet
Une discussion au coin d’un canapé, plus qu’une interview, en voici le résumé :
– Je vois que vous avez déjà collaboré avec la marque italienne, quel est votre souvenir ?
Oui, cela remonte maintenant à 15 ans, on avait travaillé en collaboration sur des assises, une belle rencontre, une entreprise familiale italienne avec un savoir-faire préservé et un réel univers.
– Avez-vous visitez les locaux, ateliers de la marque avant de collaborer ?
Tout à fait, cela me semble primordial et indispensable d’aller voir ces ateliers de fabrication basés non loin de Milan. Suite à la découverte et l’entente, il y a ensuite un long procédé de réflexion, recherche, dessin, un long chemin réalisé en collaboration avec les ingénieurs de la marque.
– « On avait travaillé« , disposez vous d’une équipe pour travailler avec vous ?
Je dispose en effet d’un studio comprenant 10 personnes, basé à Paris
– Vous présentez aujourd’hui Atoll, une véritable nouveauté ?
Présentée l’an dernier du côté de Milan, comme pour toutes mes créations l’exclusivité est donnée au Salon du meuble de Milan, véritable Mecque du Design mondial.
– Quelles ont été vos inspirations ?
Avant tout faire une pièce utile et confortable et non une pièce de musée, cela n’est définitivement pas mon métier. Un cahier des charges précis déterminé avec la marque, un besoin également commercial car il ne faut pas oublier que chaque pièce est imaginée pour être commercialisée. Entre chaise longue et méridienne, un besoin et nouveau placement pour Tachinni.
– La marque se prédestine aux environnements professionnelles, cela change t-il quelque chose ?
Non, réflexion, dessin, tenter d’apporter une réponse avec mon univers pour un objet. Ensuite on planche, on sélectionne, jusqu’à comme un entonnoir plus précis une idée émerge et semble évidente. Le cheminement est le même. Avant tout un travail d’ergonomie, comme pour toutes les assises, d’autant plus pour les chaises longues, le confort, les courbes et lignes doivent parfaitement épouser le corps.
– Et pourquoi Atoll ?
Et bien, parce qu’un à moment il faut nommer sa création, pas simple, par sa forme et ses quatre éléments venant se joindre en son centre feront référence à un ensemble d’îles par exemple. Baptiser sa création reste compliqué pour moi, mais le nom doit rester tout de même évocateur d’histoire.
– Imaginez vous d’autres finitions et déclinaisons de couleurs ou matériaux ?
Oui, oui, peut-être en cuir, et couleurs certainement au choix. Imaginer également une version gaucher, le plus d’Atoll étant de pouvoir via ces 4 éléments associés en remplacer un et ajouter un autre accoudoir par exemple, venant souligner la symétrie de la chaise longue.
– Pourquoi choisir de travailler avec un éditeur de meuble italien ?
Et bien la scène italienne est très intéressante, Capellini il y a plus de 15 ans m’a permis de m’acheter mon passeport pour l’Italie, devenant par la suite une véritable passion. Le pays garde cette spécificité de part la présence et importance de ces grandes familles italiennes, tenant le cap et la marché par leur culture et œil.
– Et en France ?
Très peu, Tolix en l’occurrence, un projet de modernisation des lignes de la marque sans perte de leur identité présentée également du côté de Milan. Remettre au goût du jour la marque sans perdre son identité, voici mon défi.
– Quel regard portez vous sur la jeune génération de designer en France ?
Depuis Stark, qui a ouvert la voie, on se retrouve peut-être maintenant avec trop de designers. Durant les années 80 on voulait faire de la publicité, durant les années 2000 on veut être designer et peut-être maintenant être Chef cuisinier. Le monde du design est impitoyable, par mon studio j’essaye de collaborer et échanger à ces jeunes designers, dans la mesure du possible. (moyenne d’age entre 20 et 30 ans au studio)
– Le métier au carrefour de nombreux domaines ne semble plus très clair, qu’en pensez vous ?
Au contraire, pour moi il est clair, savoir maitriser différentes phases d’un projet, être innovant, créatif, avoir une connaissance poussée des matériaux, des process de conception, parler toutes ces langues pour voir plus loin et anticiper. Pour ma part, j’essaye de travailler avec les entreprises également sur la packaging des produits, sur les photos de catalogue, afin d’apporter une cohérence complète.
– Avez-vous déjà reçu des propositions de collaborations étonnantes ?
Non pas spécialement, je n’ai pas d’exemple en tête, un designer à 30 ans il fait une chaise, à 40 ans une brosse à dent… Alors attendons !
– et 50 son hôtel ? Voilà oui.
Outre les domaines, je ne souhaite pas avoir d’étiquette, ma spécialité et passion sont les assises, j’aime dessiner des assises, du meuble, industrie ou automobile.
– Avez vous travaillez pour des marques automobile ?
Eu à l’époque j’ai eu la chance de participer à des projets automobiles pour Peugeot, moi et Matali Crasset, eurent le défi en partant d’une voiture de série de complétement repenser les assises et espace intérieur. Une confrontation d’influence et d’environnement très intéressant.
– Depuis vos débuts avez vous ressenti un changement sur les attentes vis à vis un designer ?
Non pas spécialement, par mon cursus, orienté technique me permets de m’adapter, mais l’expérience permet de prendre du recul et certainement apprendre à dire non et ainsi d’aller toujours à l’essentiel.
Le talent pur ne suffit plus à être designer, un métier malmené car l’on mélange trop souvent artiste et designer. Arrivant à une époque où chacun veut et peut créer !
Merci à Patrick Norguet pour sa disponibilité et gentillesse
Plus d’informations sur le designer : Patrick Norguet
Plus d’informations sur la marque : Tacchini
Merci à Silvera pour son accueil et cette rencontre avec le designer
DEPUIS QU’IL FAIT DE L’HOTELLERIE , IL VA INTERESSER PLUS D’EDITEURS ITALIENS …. C’est mécanique ( cf Starck Pillet Jouin Crasset…. ). Avec 10 collaborateurs, on ne peut se contenter d’objets, de corners…http://www.journaldespalaces.com/images/Okko_Hotels_Club.png
Une interview de 20 mn, c’est tres rare en design surtout en TV et surtout pour Patrick Norguet … c’est d’ailleurs la seule de cette longueur et de cet intérêt. C’est tres interessant un peu de probleme à tic , un peu de process process mais ce n’est pas jargonnant et cela reste très humble, humain chaleureux et juste . A ecouter sans moderation pour tous les futurs designers qui veulent changer de voie… Cet amoureux du dessin ne laisse quand même pas beaucoup de dessin sur la toile… peut être une demie douzaine maximum et souvent dans la com de l’editeur ici Cassina….https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/474x/99/b5/24/99b52425913823922b10b281cf9cfcea.jpg
Author
Patrick Norguet, parle un peu plus de lui sur BFM business
http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/le-paris-de-patrick-norguet-designer-2702-457006.html
BEAUCOUP DE TALENTS AU PLURIEL, L’AIR DE RIEN ….Patrick Norguet a beaucoup d’ humilité qui n’est pas une qualité inné et va de pair avec sa formation beaucoup plus technique que la plupart des designers connus ( CAP dessin indus et tourneur fraiseur, ingenieur en productique, ecole de design ESDI devenu Creapole) et son parcours de designer. Je n’y trouve pas les signes d’égocentrisme et de narcissisme qui caracterisent beaucoup de designers de « grande école » connus à Paris Intramuros. Ceci dit tous les Ensci n’ont pas la grosse tête. Longtemps à la communication visuelle et au mershandising de Vuitton, Il est rentré dans l’edition italienne milanaise de meuble par la voie royale, la grande porte de l’époque Cappelini avec une chaise tres colorée en tranches napolitaines de PPMA( poly méthacrylate de méthyle) polymère plus connu sous les noms commerciaux de Plexiglas, Altuglas , Perspex soudées à l’ultrason Il a financé son prototype , l’a exposé au salon du meuble de Paris avec l’aide de Gerard Laizé et Guido Cappelini l’a remarqué. Il n’en a pas fait l’assise d’un vocabulaire et d’une grammaire artistique comme l’aurait fait beaucoup de designers declineurs. Cependant c’est un designer de l’assise…. qui m’a impressionné en dessinant pour la société française TLV, numéro deux européen de l’éclairage hospitalier, un module purificateur d’air autonome “Plain Air” finalisé en collaboration avec Philips. http://www.intramuros.fr/intraphoto/146/NEWS/TLV/146_news_tlv_norguet.jpg
Author
Une belle découverte en effet @startrek, très humain
Belle rencontre et belle interview. Je me reconnais dedans.
UN DESIGNER QUI NE SE REGARDE PAS DANS SON MIROIR DU DESIGN BY… Miroir triptyque pour les meubles d’exception Pleyel….. replié en fauteuil …. http://www.dkomag.com/wordpress/wp-content/uploads/2012/03/pleyel-miroir-triptyque-Patrick-Norguet.jpg